Audition de l’enseignement agricole privé : enseigner et produire autrement

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Le Ministère de l’Agriculture a auditionné plusieurs établissements agricoles sur les actions mises en place dans la dynamique du « enseigner et produire autrement ». L’Institut de Genech a été consulté sur le sujet. Retrouvez ici notre témoignage.

ENSEIGNER A PRODUIRE AUTREMENT

L’Institut de Genech revendique son implication dans l’évolution permanente des pratiques agricoles. Cela conduit à la remise au premier plan de l’agronomie depuis une vingtaine d’années, de la mise en avant de l’agriculture de conservation et des techniques culturales simplifiées. Parallèlement, cela implique la mise en lumière des systèmes fourragers avec le développement de l’approche d’autonomie alimentaire, en particulier pour les protéines végétales, et l’optimisation des systèmes herbagers.

Mobiliser les apprenants :

Tous les niveaux de formation, de la 4ème à la Licence Professionnelle, sont impliqués dans cette dynamique d’évolution permanente, au travers des référentiels de formation et de leurs actualisations régulières auprès du Ministère de l’Agriculture. La diversité du public accueilli et des projets professionnels enrichit la réflexion.

La filière Bac STAV, par exemple, accueille à la fois la spécialité « systèmes de productions agricoles » et « Aménagement et valorisation des espaces ». L’établissement accueille l’ensemble des filières de productions agricoles, le BTS ACSE permet d’intégrer, dans l’approche globale, une approche des trois piliers du développement durable. Cette réalité éducative rend les apprenants acteurs de ces problématiques.

Les outils professionnels que sont les exploitations « grandeur nature » de l’Etablissement, sont de réels lieux d’apprentissage. Ils impliquent les apprenants selon les niveaux, de l’observation à la proposition de projets concrets devant le conseil d’administration avec une approche systémique forte, infléchissant ainsi les pratiques vers des stratégies innovantes et durables.

L’Institut s’est approprié la démarche à travers des projets ponctuels ou au fil de l’année, brassant les jeunes selon leurs niveaux et leurs filières, décloisonnant les spécialités de formation, les niveaux d’apprentissage et les matières.

Mobiliser la communauté éducative

Au-delà de la mobilisation des enseignants et formateurs des domaines professionnels, c’est toute la communauté éducative qui s’implique, encouragée par les dimensions sociétales prises par les nombreuses problématiques touchant au Développement Durable.

A travers l’Education au Développement Durable portée par l’ensemble de la communauté éducative et grâce au recrutement d’une responsable qualité RSE en charge de ces questions, l’Institut relie des projets de sensibilisation citoyenne à l’évolution des pratiques agricoles en leur donnant du sens. A travers cette démarche, l’Etablissement parvient à lever les résistances, les réticences, qui pourraient subsister. Les enseignants de matières professionnelles sont « missionnés » pour porter collectivement en cohérence ces objectifs. Une commission technique d’enseignants, formateurs, exploitants et chargés de mission assurent l’animation de cette dynamique et sa coordination.

Mobiliser les exploitations agricoles

En tant que terrain d’expérimentation et vitrine professionnelle, les exploitations doivent témoigner de l’appropriation des enjeux et de la réalité des évolutions. C’est ce que Genech traduit à travers :

  • Ses pratiques agricoles : production maraichère et arboricole bio, grande culture en production raisonnée, élevage certifié, bâtiment laitier « bien être animal », écurie active …
  • Ses choix d’investissement : agriculture de précision…
  • Ses projets collaboratifs avec les organisations professionnelles agricoles…

Afin de valider et faire reconnaître officiellement les évolutions qualitatives, l’Institut de Genech construit collectivement un projet d’évolution des exploitations vers une « agriculture nouvelle », prenant en compte une approche globale de tous les éléments de la transition, y compris le bilan carbone.

L’Ecole entre dans une démarche de certification HVE niveau III (Haute Valorisation Environnementale au niveau le plus abouti). Notre ferme laitière est déjà certifiée ISO 14001.

Essaimer des pratiques innovantes

En relation étroite permanente avec les organisations professionnelles agricoles, et en particulier la Chambre d’Agriculture, l’Institut organise et accueille régulièrement des temps forts de présentation ou vulgarisation de pratiques innovantes, notamment ces dernières années sur le désherbage mécanique.


L’objectif de réduire de manière très substantielle l’utilisation des produits phytosanitaires est une priorité que l’Institut porte, à la fois avec la détermination de son ambition éducative, mais aussi avec le réalisme des enjeux économiques des exploitations professionnelles. Un outil pédagogique au chiffre d’affaire d’1,7 million d’euros ne souffre pas d’improvisation.

L’Institut de Genech adhère pleinement, avec son exploitation agricole, à la dynamique de transition agro-écologique portée par le Ministère de l’Agriculture, tout en affirmant la volonté de rester l’école de toutes les agricultures. L’inscription dans la démarche de certification ISO 14001 et HVE devrait permettre de l’officialiser et d’en faciliter la promotion.

Cette synthèse témoigne de l’avancée de compromis voir de consensus trouvés autour des enjeux de développement durable, qui légitiment les remises en question de pratiques agricoles « confortables » parce que maitrisées et sécurisantes sur le plan technico-économique, mais qui ne sont plus tenables sur le plan environnemental et durable.

permettre aux jeunes de professionnaliser leurs réflexions et leurs pratiques

Pour respecter le plan ECOPHYTO de 2008 (qui préconise l’arrêt de la systématisation des traitements phytopharmaceutiques), mais également pour respecter une des valeurs de l’Institut, à savoir le respect de l’environnement, différentes techniques sont mises en place  sur le pôle horticole :

  • La prévention, par l’observation des seuils de tolérance. Les techniciens peuvent ainsi utiliser les produits phytosanitaires uniquement lorsque c’est une nécessité, et non plus de manière préventive.
  • La PBI (Protection Biologique Intégrée). Il s’agit de pratiquer le « lâcher d’auxiliaires ». On intègre un élément vivant (insectes, acariens, végétaux) pour répondre à une problématique. Par exemple, on va amener des aphidius pour lutter contre invasion de pucerons.
  • Le paillage. Les surfaces entre les plants sont couvertes, empêchant la pousse des adventices. Sans mauvaise herbe, pas de désherbant !
  • L’éco-pâturage. Dans les vergers, ce sont les moutons « shorpshire » de l’exploitation agricole qui paissent et permettent l’entretien des espaces sans recours aux produits phytosanitaires ou à l’utilisation d’équipements consommateurs de carburant.

Ainsi, le projet du pôle Horticulture est d’adapter le plan de production aux attendus pédagogiques par la mise en place d’essais, l’innovation et l’observation. Pour répondre aux attentes de ceux qui seront les métiers de demain, l’équipe pédagogique accompagne et conseille à la conduite de production autrement.

Différents modes de cultures sont utilisés, pour former à toutes les agricultures, mais toujours avec le souci de préserver notre environnement. Par exemple, en Horticulture, le BIO et le raisonné se côtoient, se comparent pour permettre aux jeunes de professionnaliser leurs réflexions et leurs pratiques.